Après
avoir pris de nombreux avis, même défavorables et une étude limitée par
mes propres capacités et parfois mon impatience, je n'ai toujours voulu n'en
faire qu'à ma tête. Avec des réussites et des erreurs mais dans l'ensemble il
n'y a pas trop à se plaindre.
C'est comme cela que j'ai commencé à aller où personne n'était allé malgré les
avis que c'était impossible.
Ce n'est pas tout à fait l'amusante maxime:
"L'imbécile ne savait pas que c'était impossible alors il l'a fait": C'est plutôt que selon mes critères ce n'était pas impossible,
qu'il y avait moyen d'en sortir sans dommage, éventuellement
avec assitance et ça a marché, alors j'ai continué.
Chaque expérience apportait de nouvelles informations
sur ce qui était possible ou pas, proche de la limite.
Adorant faire du kayak, j'ai pratiqué beaucoup et mon
niveau a progressivement augmenté. Je n'ai jamais fait
fait que ce que j'étais sûr de réussir, ce qui fait
que je n'ai jamais eu d'accident, ni aucun de mes compagnons
pendant nos descentes.
J'ai connu beaucoup de débutants
qui en quelques mois avaient eu beaucoup plus de problèmes
que moi en 40 ans.
C'est par
ce que je n'en faisait qu'à ma tête que j'ai laissé
le monde des compétitions à son triste sort parce que
l'on y nie l'humanité. Bien sûr ce monde qui se veut
hégémonique et qui réussit à l'être: s'accaparant les
subventions pour ses pratiques d'opposition, rejette
les dissidents, comme toutes les sociétés fermées. Mais
tant mieux, car on est mieux en dehors. Et le risque
n'est pas très grand: certes ils ne te donneront plus
d'emploi, mais ils n'ont pas le droit de créer des goulags
et de t'y enfermer.
J'écris
cela pour donner espoir à tous ceux, jeunes ou vieux,
qui sont bloqués là, dans ce monde d'opposition où seule
l'apparence est correcte, et qui sentent que quelque
chose les gène. N'hésitez pas: il y a une autre réalité.
L'amie
de l'Université qui m'accompagnait sur le Coudoulous
(Cévennes, Mont-Aigoual) avait trouvé le moyen de décrire
cela en 2 mots: (regarder le panneau indicateur ci-dessous)

|

|
Les
voitures c'est important pour moi, sinon
comment aller faire du kayak. Cette Golf
de 77 était pas mal: 5,5 L/100. Mieux que
ma GS: 8 litres, que ma CX: 8 litres aussi,
mais comme c'était une grosse voiture elle
me consolait d'être pauvre. Moins bien que
ma 2 CV: 4,5 litres mais pas vite du
tout. Mon Transit: 7 litres pour un camping-car
même "sommaire" est plutôt bien.
Je
rêve de me faire une voiture électrique,
ultra-légère juste assez longue pour y mettre
un petit kayak ou y dormir. Carrossée en
polyester, comme on construisait nos kayaks.
Avec à l'arrière une ou deux roues-moteur
de scooter électrique et un avant de vélo
couché, mais c'est si difficile...
Le
kayak sur le toit a été fabriqué par Gilbert
Guillard, c'est un Gil, marque qui s'appelle
maintenant Dag.
Dans
la chute de Colombières, j'utilise un kayak
fabriqué par Gérard Aubriot, modifié à mon
idée.
Sur
Malafosse en 93 le kayak est un Expresso
de Cochois, qui a été d'ailleurs le
seul sponsor financier des films. Ce kayak
qui ne ressemble à rien, personne n'en veut,
pourtant à mon sens c'est un des meilleurs
car il est à peu près neutre de comportement.
|
Gouffre
du Cerisier
|

|

|
Pour la chute de Lafage, en haut du torrent d'Arles, Massif du Caroux, il
faut se retenir avec une corde jusqu'à l'angle de la chute.
Le kayak prêté par Gisèle n'a pas résisté: éclaté sur 1,5 m. mais elle n'a pas
crié car cette idée de braver "l'interdit" devait lui plaire. J'ai pu
réparer le kayak.
En fait ce n'est pas interdit: on a le droit de sortir des sentiers battus,
suivre son rêve.
|

|

Janico
Photo Simon Weisse
|
Photo Anne Gal
|

|
Colombières
Patrick Delgado l' a aussi
sautée
Photo Léo Weisse
|

|

|
Ravin des Arcs, une des chutes les plus
difficiles que je connaisse. Etienne l'a
sauté avec beaucoup d'eau sans s'arrêter
au milieu comme j'avais l'habitude de le
faire.
Un jour je passais sur la route
en direction du Mont-Aigoual et je vois
des canionnistes qui se préparent. Stop,
présentation, ils s'agit d'une équipe avec
les frères Chantemesse, et trop gentils,
ils me proposent de venir avec eux! Voilà
comment j'ai pu faire cette première descente,
avec la sécurité très efficace de cette
équipe de canionnistes, sécurité qui comme
chaque fois ou presque n'a pas eu à intervenir.
Puis j'ai remonté tout cela par le sentier
Martel, il a fallu escalader la cheminée
rive droite où l'on fait un rappel lorsque
l'on ne veut pas sauter la chute: coinçant
le kayak contre des buis, montant un peu,
le tirant...
|

|
Quelques années auparavant, on m'avait emmené
voir la Combe de Malafosse comme quelque
chose de beaucoup trop difficile.
Thierry
et Martine ont bien voulu
m'accompagner.
Il a fallu examiner très en détail chaque
portion de rivière, ici il ne faut pas
dire chaque rapide car c'est un rapide continu.
Sur le moment, je ne comprenais pas comment passer, mais en examinant bien, il y avait des possibilités
de s'arrêter, donc d'envisager la descente.
J'ai l'air un peu perdu sur cette moraine
grise où les cailloux voire les rochers
glissent sous les pas.
Il fallait "couper" la rivière
en petits morceaux de 20 à 50 mètres, et ce
qui est très rare, il était parfois impossible
de s'arrêter sur plusieurs dizaines
de mètres.
Avant de m'engager, j'essayais de voir où je ferais le
prochain stop, puis où je pourrais m'arrêter si je manquais le premier stop, et
encore où je pourrais m'arrêter si je manquais les 2 premiers... Je ne me rappelle
pas bien, mais je ne crois pas avoir loupé aucun stop.
|

|

|

Pas de gants, pas de coudières, pas de casque intégral,
c'est un équipement un peu léger pour aller ici, mais à l'époque en 84, cela ne
se faisait presque pas. A force de mettre les mains dans l'eau froide, j'ai de
l'arthrite aux doigts, comme les lavandières du temps passé. J'aurais du mettre
des gants...
|

|
Photos Thierry Noël-Dubuisson

|
En 93 non plus je n'ai pas de casque
intégral. C'est une erreur, même si je ne
me retourne pour ainsi dire jamais
en
haute-rivière et n'ai pas dessalé depuis
1974 ou 75.
Un jour que je descendais
la Salendrinque, à fond!
J'avais mis
35 mn pour cette partie qui se descend souvent
en 2 heures, je me coince sur un rocher
mais dans un trip mental très particulier,
du à la fatigue et la volonté de maîtrise,
j'imagine que ce n'est rien et dans la seconde
qui suit je me renverse et me cogne la lèvre
sur un rocher.
Elle est fendue, rien de très grave. Il pleuvait,
la nuit tombait et je devais remonter en
courant 5km pour chercher la voiture.
Je
ne suis toujours pas maître de moi même
et des fois les idées prennent le dessus,
mais dès la classe 6, je mets sans
plus réfléchir un casque intégral.
|

Même si ce n'est pas très intelligent,
il vaut mieux chercher à maîtriser les éléments
plutôt que de vouloir maîtriser ses semblables
ou s'opposer à eux lors de compétition.
|

|
9 ans plus tard en 1993, j'attendais au bord de la
Combe de Malafosse, espérant que des partenaires se
présentent plutôt que de descendre seul cette rivière
risquée et arrive une équipe de kayakistes belges!
Antoine
de Block, Philippe Ost, Rudy Jacobs, Yvan un informaticien
qui n'a fait que le bas, ce qui prouve déjà un très
bon niveau. C'était aussi la première année où j'avais
des vêtements étanches, données par Marc Cochois. C'était
bien agréable! Maintenant, trop usagés ils reprennent
l'eau. Je ne mets jamais de combinaison néoprène car
cela gène les mouvements, alors il faut descendre assez
vite, avant d'avoir froid.
Ce qu'il faut retenir de la série de photos qui suit,
c'est l'attention que chacun porte à son prochain: regardez
comme Antoine nous surveille, montre le bon passage,
qui dans une rivière si difficile est réduit à quelques décimètres.
Dans la page "Mes amis de descente", vous
verrez Philippe Ost dans l'eau jusqu'au genou, prêt
à secourir quitte à nager au milieu des rochers du torrent
et Rudy arrêter carrément Antoine.

Malafosse sous le soleil d'été, l'eau
est quand même très froide, car les glaciers
sont à quelques kilomètres.
|

|

Entraide:
Ci-dessus: Antoine de Block montre à Rudy Jacobs le rocher
A droite: Rudy et Philippe Ost me surveillent
Photos F. Macari
|

|

Antoine me surveille
|

Rudy s'assure de mon arrêt
|
Celui qui prend le plus de plaisir est celui qui
est capable de plus s'émerveiller, non pas celui qui
descend les pentes les plus difficiles.
Pouvoir s'émerveiller
c'est être dans le bonheur non pas l'excitation. Celui
qui s'oppose aux autres est dans l'excitation. Celui
qui aime son prochain ne s'oppose pas à lui.
Celui
qui s'oppose est limité. Il imagine en consolation qu'il
a une importance capitale, qu'il est un exemple, que
tout lui est du, mais qu'en est-il vraiment?
Essayez
de voir si l'Evangile de Jean chapitre 3 ne parle pas
de cela?
Accapare subventions argent public jusqu'à
bloquer le développement de la pratique du sport canoé.
|